Saga de l’huile de palme: dure sur le moral des producteurs

Julien B. Gauthier, journaliste de l'Initiative de journalisme local
Saga de l’huile de palme: dure sur le moral des producteurs
Michel Frigon, vice-président des producteurs de lait du Saguenay-Lac-Saint-Jean, croit que les producteurs ont été accusés à tort de nuire à l’environnement. (Photo : Trium Médias – Archives)

La parution d’un reportage du Journal de Montréal rapportant l’utilisation d’huile de palme dans l’alimentation des vaches a été difficile pour le moral de certains producteurs laitiers de la région. Selon l’UPA, ils ont dû faire face à de nombreuses critiques, étant accusés à tort de nuire à l’environnement.

Le vice-président des producteurs de lait du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Michel Frigon, souhaite ainsi rétablir les faits et sauver la réputation de ses membres. Il déplore une « désinformation » de certains médias et une méconnaissance à l’égard de l’utilisation du palmite en production laitière.

« Dire que nous utilisons de l’huile de palme pour nourrir les bêtes est complètement faux. C’est du palmite, un résidu qui reste après la production de l’huile », insiste-t-il.

« L’huile de palme est déjà utilisée partout dans le monde dans une foule de produits de consommation. C’est ça qui cause la déforestation. Sans les producteurs laitiers, le palmite irait tout simplement à la poubelle s’il n’était pas utilisé. »

Il n’a pas été possible de connaître combien de producteurs utilisaient le palmite au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Néanmoins, 22 % des producteurs au Québec l’utilisent puisqu’il s’agit d’un aliment à faible coût et qui permet à la vache d’avoir « une bonne physionomie », selon lui.

Fin de l’utilisation

Après une vague d’indignation chez les consommateurs, les Producteurs de lait du Québec (PLQ) a demandé à ses membres le 24 février dernier de cesser l’utilisation de produits « contenant de l’huile de palme ou ses dérivés ».

Une décision sensée qui, selon Michel Frigon, démontre que les PLQ sont constamment à l’écoute des consommateurs québécois.

« Si nos consommateurs nous demandent d’apporter des changements, on va le faire. On va s’adapter. Mais en contrepartie, on s’attend à ce que les Québécois, s’ils ont une sensibilité à l’égard des producteurs de lait du Québec, vont choisir leurs produits plutôt que ceux des États-Unis ou de l’Europe ».

Dur pour le moral

Le directeur général de l’organisation, Denis Larouche, Groupe multiconseil agricole Saguenay–Lac-Saint-Jean a constaté que la saga a grandement affecté le moral des producteurs, qui ont été pris pour cibles, notamment sur les médias sociaux.

« Ils ont senti ça comme un manque d’appui des consommateurs. Mettre au banc des accusés les producteurs, ils ont trouvé ça difficile. C’est un métier difficile. Les marges sont très faibles, il y a beaucoup d’heures de travail qui se donnent. Et c’est correct que la population se positionne, mais tout est dans la manière de le dire », croit-il.

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