En juin prochain, j’ai l’intention de me rendre dans le secteur de Chute-des-Passes afin de taquiner la truite. Mon intention est de profiter des nouvelles rampes de mise à l’eau, près de la Centrale Péribonka, afin d’aller pêcher la truite grise sur le nouveau réservoir qui s’est formé l’automne dernier, au moment ou l’on a fermé la vanne du canal de dérivation.
Il est certain que lors de ce voyage, j’aurai un pincement au cœur de ne pas aller visiter le chantier, voir à quelle étape la construction est avancée, saluer les dirigeants de ce chef d’œuvre du génie humain, saluer les artisans qui ont rendu possible cette magnifique réalisation.
Je vais regarder de loin les installations en me remémorant ces six visites de chantier que j’y ai effectuées, à titre de journaliste, depuis 2005. D’une vaste montagne qui représentait la première photo que j’ai ramenée du chantier et qui ornait la page Une du Lac St-Jean, en mai 2005 et celle de décembre dernier où le premier ministre Jean Charest activait le bouton lançant la production de la première turbine, il s’est passé comme un petit miracle.
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Avec la mise en service du troisième et dernier groupe de la nouvelle centrale Péribonka, le 9 mars dernier, Hydro-Québec a officiellement raccordé sa Centrale Péribonka à l’ensemble du réseau, ajoutant à celui-ci une puissance de 385 mégawatts additionnels. Cette puissance correspond à la consommation d’électricité de 85 000 clients résidentiels.
Ainsi, la grande aventure de la Centrale Péribonka, annoncée en 2004, tire à sa fin alors qu’il ne reste sur le chantier que quelque 300 travailleurs. Pour la bonne partie de ces travailleurs, ce sont des techniciens qui font les derniers ajustements aux équipements mis en place.
Une centrale hydroélectrique de l’ampleur de Péribonka, c’est un ensemble de petits et de gros éléments qui doivent fonctionner en parfaite harmonie. Ces techniciens sont en voie de faire ce que l’on appelle en jargon le « fine tuning », ce que l’on pourrait traduire en français par des « ajustements poussés » de chaque équipement afin d’en tirer le meilleur.
Pour les autres travailleurs, ce sont des manœuvres. Ces derniers doivent notamment exécuter les travaux prévus dans la planification du chantier, soit le démantèlement du campement dont une partie est transportée sur le chantier Eastmain 1A, du côté de la Baie James qui est déjà le chantier majeur d’Hydro-Québec pour les trois prochaines années. Également, quand l’été sera revenu, il y aura toute l’étape de remise en état du site afin de faire disparaître toute trace de ce chantier.
En jasant avec Marthe Nadeau, conseillère, impacts socio-économiques, Hydro-Québec, projet Péribonka, on s’est remémoré les bons moments où pendant des heures, elle était notre contact privilégié, pour nous les journalistes, afin de bien saisir les différentes étapes de construction de ce barrage unique au monde avec notamment sa paroi étanche en béton plastique qui se profile sous le barrage jusqu’à une profondeur de 115 mètres dans certains secteurs.
Le projet a amené des investissements globaux de 1,3 milliard de dollars sur notre territoire au moment où le cycle économique faisait mal avec les problèmes dans le domaine forestier notamment.
En acceptant de joindre les rangs du Comité de maximisation des retombées économiques des grands projets réalisés dans la région, le Saguenay—Lac-St-Jean a retiré une grande part du lion de ce projet avec des retombées économiques directes de plus de 504 millions $, au 31 décembre dernier.
Et comme me l’expliquait Marthe Nadeau, quelques millions $ vont s’ajouter en 2008 dans la région avec des appels d’offres restreints aux entreprises de la région pour les travaux de finition du projet.
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À un certain moment, on comptait quelque 1350 travailleurs sur le chantier. À l’automne prochain, il restera 20 employés à plein temps à la Centrale Péribonka, pour l’opération et l’entretien.
Ce grand branle-bas de quatre ans aura laissé en place la partie apparente du barrage, deux digues, une prise d’eau, un évacuateur de crue, l’entrée de la centrale souterraine et sur le toit de la montagne, le poste de distribution d’où partent les lignes de transport d’énergie vers Saguenay.
Mais surtout, le chantier Péribonka laisse dans le cœur de ses artisans, la fierté du travail accompli et l’expertise à exporter sur d’autres chantiers à travers le Québec.
Les travailleurs de la construction du Saguenay—Lac-St-Jean sont maintenant des « incontournables » pour Hydro-Québec.